Ce jeune homme, à son tour, mexaminait dune façon toute différente de celle des autres : il y avait quelque chose de plus sérieux qui se passait entre lui et moi. Les autres applaudissaient ouvertement à mes charmes, il me semblait que celui-ci les sentait ; du moins je le soupçonnais quelquefois, mais si confusément, que je naurais pu dire ce que je pensais de lui, non plus que ce que je pensais de moi. Tout ce que je sais, cest que ses regards membarrassaient, que jhésitais de les lui rendre, et que je les lui rendais toujours ; que je ne voulais pas quil me vît y répondre, et que je nétais pas fâchée quil leût vu. Enfin on sortit de léglise, et je me souviens que jen sortis lentement, que je retardais mes pas ; que je regrettais la place que je quittais ; et que je men allais avec un cœur à qui il manquait quelque chose, et qui ne savait pas ce que cétait. Je dis quil ne le savait pas ; cest peut-être trop dire, car, en men allant, je retournais souvent la tête pour revoir encore le jeune homme que je laissais derrière moi ; mais je ne croyais pas me retourner pour lui. ADHAP sest engagé depuis plus de 10 ans dans une démarche damélioration continue. A travers notamment la certification qualité lorganisation mise en place et les prestations réalisées font lobjet dune remise en question permanente. Analyse de la passion du Duc de Nemours pour la Princesse, dont il ne laisse rien transparaître seuls le Chevalier de Guise et la Princesse elle-même sen rendent compte. La Princesse le cache à sa mère cest son premier secret vis-à-vis delle, mais celle-ci nest pas dupe. Nemours réprimande le Vidame, hésite à faire ce quil lui demande jusquà ce quil apprenne que la Dauphine croit déjà que la lettre est tombée de sa poche à lui. Le Vidame, qui devine que Nemours hésite parce quil craint de se brouiller avec sa maîtresse, donne à celui-ci un mot qui doit lui permettre de prouver que la lettre lui était bien adressée. Ainsi, tout le monde croirait que la lettre était à Nemours, sauf sa maîtresse. Progressivement au cours de La Princesse de Clèves, dont les Les écrivains qui veulent limiter-les Cocteau, les Radiguet, les Gide-et la plupart des critiques modernes cherchent dans cette œuvre un art purement intellectuel.., Alain Niderst dans : Madame de Lafayette-Romans et Nouvelles, Classiques Garnier, 2010 Pour la persuader, elle feint dadmettre la peur de Cécile : Oh! par exemple, vous avez eu bien raison ; tout le monde y aurait lu votre aventure. Mais, là encore, il sagit dironie car elle détruit aussitôt cette hypothèse : Croyez-moi cependant, sil en était ainsi, nos femmes et même nos demoiselles auraient le regard plus modeste. Elle dépeint ainsi une société où la vertu a perdu toute valeur, et où toutes les femmes, y compris les demoiselles qui sont censées rester vierges jusquau mariage, profitent des plaisirs du libertinage. La Princesse de Clèves est un roman de cour, cest-à-dire que les caractères et les passions y paraissent sous les traits que les séjours des cours les forcent à revêtir. Après cela, il nest pas nécessaire dinsister sur les limites un peu étroites où se referme le roman de cour. Il va sans dire que pour le monde nest pas bien vaste : il finit aux gentilshommes qui appartiennent aux grands seigneurs. Au delà se trouve pour eux des terres inconnues où ils ne se soucient pas de pénétrer. Mme de La Fayette prône le dialogue corporel comme vie de transmission des sentiments : idée que le corps peut trahir lâme : ObÃissant aux recommandations de sa mÃre, lâinnocente Mlle de Chartres Ãpouse le prince de ClÃves. Au cours dâun bal, la jeune femme rencontre le duc de Nemours et ressent pour lui une passion dÃvorante à laquelle elle refuse de cÃder. Dans ce roman majeur du XVII e siÃcle, Mme de Lafayette dÃcrit avec minutie les tourments de la princesse de ClÃves, dÃchirÃe entre dÃsir et devoir. Axe 2. Une première rencontre, coup de foudre. Le coup de foudre est dans le regard gard mêlé de lautobiographe Les procédés de distanciation et les différentes valeurs du je. Lhumour sur soi, linterpellation au lecteur.. La scène de rencontre : une scène romanesque A. Les conditions de la rencontre Le cadre dans lequel se rencontrent la Princesse de Clèves et le Duc de Nemours est un cadre prestigieux puisque cette rencontre se fait au Louvre, à un bal, à loccasion des fiançailles de la fille dHenri second. Le lieu a toute son importance dune part parce quil il est un lieu idyllique, propice à la naissance dune passion et dautre part, parce que cette référence historique ancre la narration dans une situation réelle et renforce par là lillusion de la véracité du récit : Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisait au Louvre.. La princesse refuse dabord la fatalité : Lorsquelle danse, elle nose pas se retourner pour voir le visage de lhomme qui vient dentrer malgré un assez grand bruit ligne 3.
Ce sera le cas lorsque, dès le retour à Paris de Mme de Clèves après la mort de Mme de Chartres, la reine dauphine viendra lui faire une visite de condoléances, et, voulant linformer des dernières nouvelles de la cour, lui parlera surtout de létonnante transformation de M. De Nemours, qui serait passionnément amoureux dune personne inconnue pour laquelle il semble prêt à renoncer à épouser la reine Elisabeth, transformation qui fait le sujet de toutes les conversations Mme de Clèves sera profondément troublée par les paroles de la reine dauphine, mais celle-ci ne va rien remarquer : Si Mme la dauphine leût regardée avec attention, elle eût aisément remarqué que les choses quelle venait de lui dire ne lui étaient pas indifférentes; mais, comme elle navait aucun soupçon de la vérité, elle continua de parler, sans y faire de réflexion p 190. Il en est de même lorsque la reine dauphine raconte plus tard à Mme de Clèves que la femme quaime M. De Nemours, a avoué à son mari la passion quelle avait pour lui. Mme de Clèves se trouve à genoux devant le lit de la reine dauphine et par bonheur pour elle, elle navait pas le visage au jour. Aussi la reine dauphine ne va-t-elle pas remarquer son trouble : Elle Mme de Clèves ne put répondre et demeura la tête penchée sur le lit pendant que la reine continuait de parler, si occupée de ce quelle disait quelle ne prenait pas garde à cet embarras p 253.