Lhomme avait ses faiblesses, mais il ne manquait pas daudace. Christine Albanel, qui était sa plume, se souvient quil neut pas lombre dune hésitation pour reprendre les mots reconnaissant la responsabilité de la France dans la déportation des juifs lesquels devraient aujourdhui présider à la morale des restitutions de biens culturels disparus en ces heures noires qui souillent à jamais notre histoire. Le musée du quai Branly nétait ni son caprice, ni son bon plaisir, témoigne Stéphane Martin, qui la dirigé depuis la première heure. Cétait un acte politique à part entière, le projet de la France qui rendait hommage à la diversité et à légalité des cultures, auxquelles il croyait. Sa curiosité était sans frontière, témoigne le galeriste Christian Deydier, il gardait toujours une petite sacoche marron sous le bras avec des fiches dun musée universel. Cétait un érudit dans les arts précolombiens ou ceux dExtrême-Orient, lun des meilleurs en archéologie chinoise. Il pouvait passer ses nuits en visite officielle à se faire présenter des objets de fouille et à discuter de leur datation. Lancien président du Syndicat national des antiquaires se souvient que, dans ses longues visites à la Biennale, Jacques Chirac avait besoin de prendre les objets pour les caresser, afin de sentir leur force et lâme du créateur. Il avait fait pareil à linauguration du quai Branly. En réalité, il préférait un masque de sanglier bamana à une statue grecque, quil trouvait bien polie même si ce nest pas le terme quil avait coutume dutiliser, comme le relate Marie-Cécile Zinsou, qui na pas oublié son concours pour le prêt dœuvres à lexposition de sa fondation béninoise sur le roi Béhanzin. Pour lavoir accompagné en 2013, alors en chaise roulante contre laquelle il pestait, en une visite privée des bronzes archaïques de la collection Zuellig à Guimet, on peut témoigner que son intérêt navait pas faibli. On sait aussi la fidélité discrète et tenace que sut lui porter un François Pinault. Le fameux, prononcé en juillet 2007 par le successeur de Jacques Chirac à la présidence de la France et dans lequel il est dit que le drame de lAfrique, cest que lhomme africain nest pas assez entré dans lHistoire, donne le ton de la réponse apportée par Sally Price. Avec la transformation des collections ethnographiques en arts premiers, le quai Branly régénère le principe dun exotisme proposant un voyage vers la découverte dun Autre, aussi lointain que fantasmé. Il devient le lieu dune consommation de laltérité plus que celui de sa compréhension et les peuples à qui il était censé restituer leur dignité restent toujours sans histoire. Le musée des illusions rejoint ainsi et sa postface semble confirmer sur la durée les premières analyses de lauteur au moment de louverture. Javais déjà eu loccasion de rencontrer Jacques Chirac, notamment au moment de la création du Centre Pompidou, et je savais ce que linstitution, modèle de pluridisciplinarité, lui devait : sans Chirac Premier ministre, Beaubourg aurait sans doute été enterré par Valéry Giscard dEstaing. Je le revois encore, à cheval sur sa chaise, les jambes battant nerveusement sous la table lors de réunions de coordination. Je connaissais aussi la passion du président pour le Japon pour lavoir observé, en octobre 1995, au Palais omnisports de Paris-Bercy pendant le tournoi de sumos, quil avait fait venir dans la capitale. Je me risquai quelque temps plus tard à lui dire que, moi aussi, jétais fasciné par ce pays et que je my étais rendu une quarantaine de fois. Il me répondit : Moi, beaucoup plus souvent! De 1973 à 1980, ce voyageur infatigable entreprend de réaliser, selon ses propres mots, un inventaire critique des musées et de leurs réserves. Il sillonne alors le monde et acquiert une connaissance encyclopédique des collections dart primitif. Jacques Kerchache naura pas pu voir linauguration du Quai Branly. Emporté en 2001 par un cancer de la gorge, ce spécialiste de lAfrique, infatigable voyageur, marchand et grand collectionneur darts premiers, était pourtant linspirateur du projet. Sans sa rencontre avec Jacques Chirac en 1990, le musée nexisterait sans doute pas. Musique Danses Chants traditionnels dAfrique et dAilleurs Entrée GRATUITE musée du quai Branly-Jacques Chirac-Production-musée du quai Branly-Jacques Chirac-Approches de lîle Jacques Chirac a accumulé des centaines douvrages sur les civilisations indienne, chinoise, japonaise. Mais il nen parlait que rarement. Cétait, avec la poésie, son jardin secret. Comment avouer, quand on aspire à devenir président de la République française, son indifférence pour Montaigne ou Julien Gracq et sa passion pour Visnou et Krisna? Alors, longtemps, Chirac a préféré passer pour un brave type qui lit des polars et napprécie que la musique militaire. François Mitterrand était un mystique lettré, Chirac a, lui, une âme danthropologue. Il cherche dans lorigine de la création artistique une réponse à la condition humaine. Leur première collaboration prend naissance en 1992. Le maire de Paris na aucune envie de célébrer les 500 ans de la découverte de lAmérique par Christophe Colomb, quil accuse davoir massacré les Indiens. Kerchache le convainc dorganiser une exposition sur lun des peuples précolombiens disparus. Ce sera les Taïnos, au Petit Palais, en 1994, dont Kerchache est le commissaire. Je souhaite recevoir la newsletter de la Gazette Drouot Cest un marchand dart, en vacances sur une plage de locéan Indien, qui a convaincu Jacques Chirac de la nécessité dun musée des arts primitifs. Il aura fallu dix ans à lElysée pour vaincre les obstacles. Rencontre avec Frank Lestringant et Eric Fougère, lectures par Sara Darmayan. Ces 24 pages originales vis-à-vis de Paris Primitive, Jacques Chiracs Museum on the Quai Branly, posent dentrée la question de savoir dans quelle mesure les stéréotypes sur les sociétés dAfrique, dAsie, dOcéanie et des Amérindiens lesquelles, par exemple, vivraient en dehors de lHistoire ont fait place à une compréhension plus fine des cultures non occidentales. Le musée du quai Branly, au travers de ses expositions, publications, conférences, colloques, séminaires, spectacles, pages internet, ou encore par laura que lui procure sa large couverture médiatique, remplit-il finalement le but social pour lequel il a été officiellement créé? Mardi 13 avril 2010, Vernissage au Pavillon des Sessions Les 10 ans du Pavillon des Sessions Grand initiateur? Flibustier? Personnage filiforme aux allures de forban sympathique, Jacques Kerchache vient de mourir à Cancun, au Mexique, à 59 ans, dun cancer de la gorge. Il navait jamais pu se défaire de son addiction pour la cigarette, au point den griller une de temps à autre dans les toilettes du pavillon du Louvre quand il y installait sa sélection de 120 sculptures dart primitif. Lancien galeriste de la rue des Beaux-Arts a vu réaliser le rêve de sa vie quand, en avril 2000, Jacques Chirac inaugura cette nouvelle aile du musée. La scène se passe en 1990 où le couple Chirac passe ses vacances à lîle Maurice. Le journaliste Jean-Pierre Elkabbach et son épouse y sont également en villégiature. Lorsquun admirateur cherche à être présentéNous étions sur une plage de lîle Maurice, dans locéan Indien. Jétais avec Nicole Avril, mon épouse. Jacques Chirac nétait pas loin. Il lisait des livres sur la Préhistoire, il faisait des fiches, quil surlignait, sur la plage. Ainsi, il pratique une lecture relative du principe universel des droits de lhomme. Pour lui, il coule de source quen Chine, pays confucéen où lhomme est au service de la société, on ne puisse avoir la même conception des droits de lhomme quen France, où la société est au service de lhomme. Il le dit et choque.
Linstitution, qui naffirmera jamais lappellation d arts premiers, source de mille discussions, a désormais un nom : musée du Quai Branly. Sa construction débute en 2001. Jacques Chirac visite le chantier cinq ou six fois et nexprime que deux souhaits : que le musée ne soit pas trop chargé en oeuvres et quil soit accessible aux personnes handicapées. Lors de sa dernière visite, à quelques jours de linauguration, le 20 juin 2006, il glisse à Bernadette : Et dire que tout ça vient dune rencontre sur la plage Cette entrée a été publiée dans,,,, et marquée avec,, le par.
Non, malgré la présence centrale de la malheureuse Cio-Cio San, la musique de Puccini dans cette Butterfly programmée dans quelques jours aux Chorégies dOrange na rien à voir avec la musique japonaise
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